Chilled Memories par Jennifer PONSOT

Je ne rentre pas dans les cases — et c’est là que ma photographie prend sens

Je travaille avec ce qui vibre, pas avec ce qui se planifie

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Je ne rentre pas dans les cases – et c’est là que ma photographie prend sens

Je ne rentre pas dans les cases - et c’est là que ma photographie prend sens

Photographier autrement, parce que je n’ai jamais su faire semblant

Je ne sais pas faire semblant. Je ne sais pas faire “comme tout le monde”, ni m’appliquer à suivre un plan trop précis, trop carré, trop attendu. Ce n’est pas un caprice, ni une posture artistique – c’est juste que mon corps dit non. Littéralement. Il se bloque, il résiste, il se referme.
Et quand on me demande un briefing détaillé, une liste exhaustive d’attentes, des références, des exemples à reproduire… je sens déjà que quelque chose se fige. Que l’élan recule.

Je crois que ma manière de photographier est née là, dans cet espace de résistance douce. Une forme de refus tranquille de me conformer à ce qui ne me ressemble pas.
Et au fond, ce n’est pas un rejet de l’autre – c’est un attachement profond à ce que je ressens. Une fidélité à mon regard, à ma façon d’être au monde. J’ai besoin de sentir les choses, de les laisser m’approcher, de les deviner presque plus que de les capturer.

Je ne me définis pas comme une photographe technique ou académique. Je suis intuitive. J’avance à l’instinct, à la lumière, au silence, à la manière dont un lieu me parle (ou pas), dont un visage s’ouvre (ou pas). Et je ne crois pas qu’on puisse forcer ça, ni l’organiser à l’avance.

Alors oui, parfois je prends des chemins de traverse. Je m’écarte du cadre. Mais je le fais avec une intention sincère : celle de rester fidèle à ce qui me touche, à ce qui vibre. Et c’est souvent là que les images naissent – pas dans ce qu’on m’a demandé, mais dans ce que j’ai perçu entre les lignes.

Photographe intuitive : un choix, pas un hasard

Je ne suis pas devenue photographe intuitive parce que je trouvais ça plus poétique, ni parce que ça sonnait bien sur une bio Instagram. C’est venu comme ça, naturellement, parce que je ne savais pas faire autrement.
Mon œil ne calcule pas. Il capte. Il attend. Il s’émerveille ou il s’ennuie. Il devine des formes, des tensions, des silences. Et quand quelque chose s’aligne – la lumière, le vent, un regard, une ambiance – je déclenche. C’est tout. Et c’est déjà beaucoup.

Il y a des jours où je passe plus de temps à observer qu’à photographier. Parce que je ressens avant de cadrer. Parce que j’ai besoin d’habiter l’instant, pas juste de le figer.

Et puis, je ne travaille jamais exactement de la même façon. D’un sujet à l’autre, d’un lieu à l’autre, tout change. Il y a ceux qui m’ouvrent les bras et ceux qui se ferment. Il y a des paysages qui s’offrent et d’autres qui se méritent. Je ne décide pas à l’avance ce que je vais faire – je m’adapte à ce qui se présente. À ce qui respire.
Ça demande d’être à l’écoute. D’accepter le flou, l’inconfort, l’imperfection. Mais c’est aussi ce qui rend chaque prise de vue vivante, unique, sincère.

Je sais que ce n’est pas très “stratégique”. Qu’on attend souvent des livrables calibrés, des shootings cadrés, des productions efficaces. Mais ce n’est pas ce que je fais. Ce n’est pas ce que je veux faire.

Moi, je cherche autre chose.
Je cherche la vérité d’un instant, pas sa perfection.
Je cherche la beauté d’un souffle, pas celle d’un décor.
Je cherche le vivant, pas le joli.

Et pour ça, il faut parfois désobéir un peu.

Le brief, ce mal nécessaire (ou pas)

J’ai longtemps culpabilisé de ne pas aimer les briefs. De me sentir mal à l’aise face à des consignes trop précises, à des attentes listées, formatées, minutées. Comme si c’était moi le problème. Comme si, pour être une “bonne” professionnelle, je devais forcément savoir répondre à une commande au mot près, comme un robot bien programmé.

Mais non.
Ce n’est pas moi le problème.
C’est juste que ce fonctionnement ne me convient pas.

Un brief trop rigide, c’est comme une porte fermée. Il dit : “Voici ce qu’on attend, fais exactement ça.” Mais il ne laisse aucune place à ce qui pourrait émerger. Il ne parle pas de lumière, de ressenti, d’intuition. Il ne me parle pas.
Et je ne sais pas créer sans lien, sans respiration, sans marge.

Je comprends l’intention – vraiment. On a envie de cadrer, de sécuriser, d’éviter les mauvaises surprises. Mais si l’on me laisse un peu d’espace, un peu de confiance, alors je peux proposer autre chose. Quelque chose qui ne figure peut-être pas dans le brief, mais qui raconte l’essentiel.

Ce que j’aime, c’est l’échange. Le vrai. Celui qui dit pourquoi on fait ce projet, ce qu’on veut transmettre, à qui on parle. Celui qui me donne des clés, mais pas des chaînes. Celui qui me laisse ressentir ce qu’il y a à faire – sans me l’imposer.

Parfois, un simple mail sincère, une phrase, une émotion, suffisent à tout enclencher.
C’est fragile, oui.
Mais c’est vivant.
Et dans un monde saturé d’images lisses, moi, je choisis la vibration.

Créer sans plaire à tout le monde

C’est un truc que j’ai mis du temps à intégrer. Le fait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde – et que ce n’est pas seulement normal, mais sain.

Quand on travaille avec son regard, avec son ressenti, avec ce qui nous traverse… il y a forcément des gens qui ne vont pas se reconnaître dans ce qu’on propose. Qui vont trouver ça “pas assez pro”, “pas assez propre”, “pas assez dans les clous”.
Et tu sais quoi ? C’est ok.

Je ne suis pas là pour correspondre à des attentes universelles.
Je ne suis pas une prestataire interchangeable, qui applique une formule magique.
Je suis une photographe qui observe, qui ressent, qui doute parfois, mais qui choisit d’assumer ce regard-là, même quand il sort du cadre.

Oui, j’ai déjà eu des retours déçus. Des “on pensait que ce serait plus comme ça” ou des “on aurait aimé que ce soit un peu plus comme ci”. Et c’est toujours un peu vertigineux, parce qu’on touche à quelque chose de personnel. Mais je préfère cent fois ça à une validation tiède sur un travail qui ne me ressemble pas.

Je crois qu’il y a une forme de courage à créer sans chercher l’unanimité.
À dire : “C’est ce que je vois, c’est ce que je sens, c’est ce que je propose.”
Même si ce n’est pas l’image attendue.
Même si ce n’est pas celle qui fera le plus de likes.

Parce qu’au fond, ce que je cherche, ce n’est pas l’approbation.
C’est la justesse.
Celle qui touche, qui remue, qui fait que quelqu’un se sent moins seul face à une image.
Et ça, ça vaut bien quelques refus.

Créer autrement, et l’assumer

Ce que je fais n’est pas révolutionnaire. Ce n’est pas spectaculaire non plus. C’est même, parfois, presque invisible. Mais c’est là. Profond. Authentique. Résolument à côté des standards.

Je crée comme je suis : un peu sauvage, beaucoup intuitive, profondément sincère.

Je n’ai pas de formule magique. Je ne promets pas des résultats quantifiables, des rendus millimétrés, des campagnes qui “performent”. Ce n’est pas ce que je vends. Ce n’est même pas ce que je cherche.

Je m’attache à l’émotion, à la lumière, à ce que raconte un geste, une matière, une atmosphère. Je m’autorise à prendre des détours, à écouter ce que je ressens, à ne pas savoir à l’avance – et à y aller quand même. Parce que c’est là, dans ce flottement parfois inconfortable, que naît ce que je veux offrir : des images habitées.

Alors non, je ne suis pas faite pour tous les projets. Et je ne conviens pas à tout le monde.
Mais à ceux qui cherchent du vrai, de la sensibilité, une autre manière de voir et de créer – à ceux-là, je tends la main, les yeux ouverts, le cœur aussi.

Et je leur dis : faisons autrement, si vous voulez bien.

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